Max et les Maximonstres ou Where the Wild Things Are

Je voudrais vous parler d’un vieux livre qui a bercé mon enfance et celle de nombreuses autres personnes. A l’honneur car une adaptation cinématographique sera présente sur les écrans. Dès le 16 décembre. En vrai, j’en parle car depuis lundi j’ai du lire plus de 50 fois l’album. Mon Prem, mon petit Max à moi adore les aventures du héros et s’est pris d’affection pour les Maximonstres.

Le titre original est Where the Wild Things Are. L’album est sorti en 1963, paru en 1967 en France dans sa version traduite il a vite été contre-versé. Max et les Maximonstres est écrit par Maurice Sendak né en 1928 , un auteur-illustrateur bourré de talents. Le succès du conte est immédiat et international.

max et les maximonstres

  • Auteur: Maurice Sendak
  • Editeur : L’Ecole des loisirs
  • Collection : Albums
  • Prix: 12.50euros
  • Age conseillé: dès 3 ans.

Synopsis:

Après un coucher sans dîner le jeune héros Max se retrouve face à d’étranges créatures. Une drôle d’aventure l’attend. Comment Max, qui avait enfilé son costume de loup, fait plusieurs bêtises et un fabuleux voyage, renonça finalement à être roi des Maximonstres.

Avis:

Enfant, j’ai eu en cadeau un exemplaire de ce conte hors norme. J’ai adoré. Tellement différent des éternelles histoires de princesses que les grands veulent offrir aux petites filles. Max m’a captivé sans parler des Maximonstres. J’en aurai bien adopté un pour mettre sous mon lit. (d’accord y en aurait fallu de la place- dommage je l’aurai bien nourri ). Depuis j’ai quitté la douce période de l’enfance (ou pas) et j’ai offert un volume à mon grand Moopy, à mon Max.

Différents thèmes sont abordés: l’affirmation de soi, la relation parent-enfant, l’oppositon, l’affabulation/imagination/imitation et les monstes.

Un loup contre des monstres, pour une fois le royaume des cauchemars est abordé. Le déclencheur, un petit garçon qui cumule les bêtises en se déguisant en loup. Ce dernier n’est-il pas une créature maléfique dans la croyance populaire. La punition suprême classique lui est infligée: il est privé de dîner et doit rester dans sa chambre. De là, démarre une aventure dans un autre univers, celui des Maximonstres. Max a une imagination fertile, il se crée une forêt, puis une île et des habitants: les Maximonstres. Au fil des pages, les mots s’illustrent et prennent vie. Les Maximonstres sont peut-être né par ce que sa mère lui a dit qu’il était un « monstre ». En peu de mots, une centaine et vingt phrases, nous avons un conte qui s’installe. Max converse très peu avec les Maximonstres ou en de très courts propos : « silence » ou « non ». Et quand les deux se mêlent pour une « fête épouvantable » ne nous adresse-t-il pas un renvoi vers les bêtises que nous commettons? Le héros reste seul tout le long même accompagné de ses nouveaux sujets. Du haut de son couronnement de roi des Maximonstres, Max ne sera jamais vraiment avec eux. Il est « seul ». Sa solitude lui pèse même entouré par du monde parfois notre coeur se sent loin de tout dans sa bulle. Un peu comme dans la vie de tous les jours, qui n’a jamais ressenti une espèce de solitude alors qu’il avait une flopée de personne autour de lui. C’est dur d’être roi et les relations avec autrui sont loin d’être simples.

Max n’est pas un modèle de sagesse. Il enchaine les bêtises. Il est un enfant plein de vie, de doutes et tient tête à sa mère. Le héros cherche à s’affirmer et à démonter qu’il existe en dehors de l’image que nous avons de lui. En endossant la peau de loup, ne devient-il pas un vrai méchant? ou tente-t-il tout simplement de se forger une carapace face au monde des adultes qui l’attend?

L’illustration de Sendak prend littéralement toutes les pages sur l’île. Les mots n’ont pas besoin d’être exprimé pour comprendre l’histoire. Les Maximonstres prennent vie sous le crayon. nous vibrons avec Max. Nous vivons son aventure, sa tristesse, sa solitude et sa recherche d’amour. Le trait est détaillé. Chaque monstre a une forme propre, un colori particulier, un je ne sais quoi qui le rend unique. Effrayant et attirant à la fois, en grandissant je m’interroge sur le fait que les Maximonstres ne sont pas un pendant des mères. A la fois ange et démon, sauveur et bourreau, nous tenons un rôle double. Je parle en ayant passé un cap d’enfant à adulte, et maintenant à mère de 3 Moopys. Mon regard sur cette oeuvre a grandi. Les enfants nous voient imposer des règles qui leur semblent farfelues et demander de respecter des consignes comme ne pas courir après le chien avec une fourchette. Je vous assure que ça peut arriver. :-( Comme si nous cherchions à leur gâcher leur plaisir de jouer. Nous voyons des bêtises là où eux ne voient rien d’autres que de l’amusement. Quel enfant ne s’oppose jamais à ses parents? C’est une étape de notre avancement. Qui a un ange sans aucune part de démon, sans aucune bêtises à son actif? Max est un petit garçon comme les autres. A mes yeux il ne pousse pas à commettre des erreurs mais montre que tout le monde en fait.

Les 2 derniers mots renferment une fin inattendue et un retour à la réalité: « tout chaud » Le héros retrouve ce qu’il cherchait tout le long de l’album une preuve de l’amour maternel. Nous pourrions croire que la douceur de se réveiller après un cauchemar cajolé et bercé par les gestes tendres d’une maman est résumé par ces 2 termes. Seulement la tièdeur humaine n’attend pas notre héros mais celle d’un repas, un bien matériel. Autant l’aventure menant au rêve demande plusieurs mots que la sortie en réclame peu. Etrangement nous fermons l’aventure sur un plat chaud et non les bras bienvaillants nécessaires après des émotions fortes comme la rencontre avec les Maximonstres. Malgré les mots, Max reste seul encore une fois. Point de réelle chaleur. Je trouve dommage dans un sens que le héros n’est pas de câlins de sa mère. Néanmoins c’est dans la continuité de l’histoire, elle n’apparait pas une seule fois. Elle punit et agit. Nulle trace de sa présence dans les dessins juste les mots. L’auteur appuie par son absence sur la relation mère-enfant. C’est assez prenant de réfléchir sur les sens caché et intéressant de voir comment notre regard change avec le temps. Enfant, je ne rêvais que d’avoir un Maximonstre, la relève est assurée. Le monde imaginaire décrit par Sendak a encore de beaux jours devant lui. Et inconsciemment, vous me direz j’ai du nommer mon premier comme le héros par souvenirs et coup de coeur. Je n’en sais rien. Mon Max tel le héros me rend parfois chèvre tout en ayant une force incommensurable dans son mental. Je ne chercherai pas plus le parallèle entre le Max virtuel et Max réel. Parfois l’amour ne s’explique pas.

Niveau psychanalyse de l’oeuvre, vous en trouverez une excellente ici. Comme quoi nous ne pensons pas forcément à toutes les choses qui se cachent derrière les mots et les illustrations de Sendak. Je n’avais pas vu tous les points qu’énonce l’article. Le livre m’est apparu sous un jour nouveau.

Informations:

L’album est devenu un titre phare parmi les classiques de la littérature enfantine à tel point qu’on peut le voir dans plusieurs domaines: opéra, séries, musiques. Le conte particulier  a servi de muses à de nombreux artistes:

MacFarlane Toys a sorti des jouets s’en inspirant. (vous savez le père de Spwan:wink:)

Un épisode de Buffy et les Vampires porte son nom dans la 4e saison. Ce n’est pas la seule série à y faire référence: les Frères Scott lors du final de la 6e saison avec Payton. Ou encore South Park dans laquelle un Maximonstre fait son apparition. Oui oui je sais on a la culture qu’on veut. :-P

Les Fall Out Boy ont réalisé une tournée avec pour appellation : The Young Wild Things Tour en hommage à ce livre culte de leur enfance. Même Metalica (excellent titre que vous pouvez écouter ici) a un morceau nommé Where the Wild Things Are.

Le 16 décembre sort en salle une adaptation de Spike Jonze. Je vous la conseille mais j’en parlerai dans un prochain billet :-P A noter au passage, un jeu vidéo est sorti reprenant une partie de la trame du conte, je n’ai pas accroché.

L’histoire de Max ne serait-elle pas qu’un grand rêve éveillé? un voyage de l’esprit mettant en image nos peurs et nos craintes? Une vision du monde qui évolue quand on grandit?

5 réflexions sur « Max et les Maximonstres ou Where the Wild Things Are »

  1. On réalise que le monde des enfants est proche du monde « imaginaire » propre à la Fantasy et à la SF. Chapeau pour l’article.

  2. @Greg cette approche du monde. Et l’imagination tient une part important à mes yeux dans l’évolution ou épanouissement des enfants/adultes.
    Merci pour le compliment, j’en rougis. (tu me fais douter aussi :oups: )

  3. Je viens de répondre au commentaire que tu viens de faire sur mon site et je vois que j’aurais pu tout aussi bien le poster ici. j’en recopie les dernières phrases :
    « Nous avons en commun le goût de l’imaginaire, toi comme moi nous entretenons ce qui reste en nous de notre enfance, et cela se sent. Pourquoi grandir si l’on ne veut pas ressembler à ces adultes qui se prennent trop pour des modèles ? » ++ A bientôt – Greg

  4. @Greg j’ai vu ;) Une bien belle remarque. Merci. Je suis un peu un Peter Pan. Grandir d’accord mais pour être moi petit personnage unique et pas un clone. Au plaisir de te revoir par ici.

  5. Ping : [DVD] Max et les Maximonstres en Dvd et Blu-Ray le 5 mai 2010. | New Kids On The Geek

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